Dimanche 5 mai, au lieu de rester sous la grisaille de la capitale, j’ai mis les voiles ou plutôt les ailes sur la Principauté à l’occasion du match de Monaco face à Sainté. C’est la gueule bien fracassée de notre grosse bringue sur Nice au Fût et à mesure et au Pompeï que nous sommes arrivés sur les coups de 13h à Monaco. Si j’y avais déjà posé mes orteils plus jeune quand nous pouvions débarquer à plusieurs milliers sans se faire emmerder, je n’avais jamais pris la peine de découvrir le Rocher, préférant à l’époque tremper l’asticot dans les villes voisines de la Côte d’Azur. Hé ben bordel, ce déplacement a réservé son lot de surprises aussi positives que négatives.
Vous pouvez m’apporter une preuve de
votre appartenance à l’ASM ?
Cette année pas d’arrêtés préfectoraux à ma connaissance mais un boycott des groupes de supporters stéphanois par respect pour les victimes de la catastrophe de Furiani qui avait coûté la vie à 18 personnes et blessé 2 300 autres le 5 mai 1992. Nous savions donc qu’il n’y aurait pas d’invasion verte. Nous découvrons aussi, quelques jours avant de partir, qu’il est impossible d’acheter des places sur internet sans être sympathisant monégasque. C’est donc sans vraiment savoir si nous réussirons à nous procurer des billets que nous nous pointons aux guichets du stade Louis II. Mais une fois avoir montré nos cartes d’identités, le gazier nous dit qu’on est du 42 et que malheureusement les places sont là aussi réservées aux sympathisants de Monaco. Avant d’ajouter: « Pas de problème si vous pouvez m’apporter une preuve de votre appartenance au club ». On se regarde avec mon pote, on a qu’une envie c’est de lui balancer l’hymne de Jeff Tuche dans la gueule. Mais bon pas sûr que ça suffise. Alors je pense à cette écharpe de Monaco qui traine dans un carton du garage de mes vieux et à cette finale de Ligue Desch que j’avais regardé avec grand intérêt… Ce qui est sûr c’est que c’est pas en montrant mon compte en banque que j’arriverai à le convaincre. Heureusement, un échange d’email avec un salarié de l’ASM fera l’affaire. D’autres Stéphanois, prévenus dans la file, foutent une photo de Falcao sur le fond d’écran de leur téléphone ou posent un petit like sur la page facebook du club. On apprend par la suite que ceux qui ont manqué de malice ont été contraints d’acheter des casquettes aux couleurs de Monaco à 20 balles. Mais voilà que nous pensons être sorti d’affaire, le gazier nous demande ensuite de signer « La charte du supporter monégasque » dans laquelle nous reconnaissons être supporter de l’ASM et que nous nous engageons à ne porter les couleurs d’aucune autre équipe en tribunes.
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Obligés d’acheter des casquettes de Monaco pour avoir des billets
Pas là pour boire des Monaco !
C’est donc enfin libéré de ce fardeau et avec nos précieux sésames en poche que nous pouvons enfin débuter l’apéro. Direction le Gerhard’s Café, un beau petit bar aux prix plutôt abordables situé à quelques minutes du stade. C’est aussi là, m’avait-on dit, que se retrouve certains ultras et supporters locaux que nous ne tardons pas à rencontrer et avec qui nous tombons quelques rôteuses après avoir remis, en bon Stéphanois que nous sommes, un peu de charbon dans la machine. À 15 minutes du coup d’envoi, nous prenons la direction du stade avec eux en coupant à travers des résidences bien paisibles de la Principauté. On rejoint alors l’Avenue des Papalins au niveau du Columbus Hotel, le fameux hôtel que se serait offert Cristiano Ronaldo pour 140 millions d’euros. Il est même pas 17h et j’ai déjà la gueule des grands soirs. Là, y’a pas de doute, elle est aux couleurs de l’ASM, rouge Ferrari. D’un côté, j’ai pas fait 675 km pour boire des Monaco. Après avoir difficilement trouvé un endroit pour mouiller le gazon, nous planquons nos briquets sur les conseils avisés d’un Monégasque. Avec ma casquette, j’ai évidemment le droit à un petit reniflage de testicules de la part du cleps. Il a dû apprécier les bonnes odeurs de frites froides sur mon jean maculé de sauce samouraï.
Gerhard’s Café
42 Quai Jean-Charles Rey
98000 Monaco
Rien à carrer de ta charte de supporter
monégasque
Après avoir loupé une marche en tentant de monter les escaliers qui mène en pesage, il faut dire que j’me suis récemment fait les croisés, nous prenons place en haut de la tribune aux côtés des supporters monégasques. Nous retrouvons l’un de nos potes d’apéro et découvrons qu’une 40aine de Stéphanois sont bien présents en parcage visiteurs et ont même pris la peine d’accrocher un drapeau corse. Au début du match et avec l’ouverture du score, le petit bloc des Ultras Monaco se fait bien entendre même si je trouve leur chant d’une trop grande longueur. À la 58ème minute notre pote du soir se casse aux chiottes « vous allez voir j’vais aller pisser et on va s’prendre un but ». Une minute plus tard, badaboum, Sainté égalise. Au fur et à mesure et avec le deuxième but stéphanois, l’ambiance s’estompe. Sur le troisième but, tous les Stéphanois jusqu’à là bien calmes et dissimulés en Secondes E, trahissent avec joie la fameuse charte signée quelques heures auparavant. Bordel, j’ai rarement vu autant de mythos se lever d’un seul coup. Voilà qu’ils se mettent maintenant à chanter et à répondre à leurs homologues du parcage. Les Monégasques, eux, sont dépités. Ça commence à parler de barrages, à insulter les joueurs et à leur demander de mouiller le maillot. Je crois même en avoir vu un balancer son iPhone X sur la pelouse. Il est l’heure pour notre acolyte du soir de quitter le yacht, il ne prend même pas la peine de voir la fin du match et loupe même le deuxième but de son équipe.
NB: ces dernières photos ont malheureusement été prises à l’iPhone car suite à ma petite chute dans les escaliers et en voyant la gueule de ma dernière pellicule, mon appareil a clairement pas apprécié.
On fête la victoire à la Brasserie
de Monaco
Nous, on quitte le stade en ayant un peu de mal à dissimuler notre joie d’une presque qualif européenne. Il est temps d’aller fêter ça à la Brasserie de Monaco sur le Port Hercule. Un bon spot où l’on ne tarde pas à déguster la Bière de Monaco, du nom de l’ancienne brasserie monégasque implantée dans le quartier de Fontvieille entre 1904 et 1972 et relancée en 2008. Malgré tous nos efforts, il est bien difficile de relancer la machine. Il est temps pour nous de reprendre le chemin de fer en direction de Nice.
La Brasserie de Monaco
Route de la Piscine
98000 Monaco
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