Dimanche 6 octobre, je profitais de mon retour dans le Forez suite à une opération des ligaments croisés pour vivre le derby au stade Geoffroy Guichard. Si mon genou et mes béquilles m’empêchèrent de jouer au grand aventurier en vagabondant aux quatre coins de la ville aux sept collines, ils me permirent tout de même d’assister à une rencontre exceptionnelle. Une rencontre qui restera à jamais gravée dans la tête de tous les Stéphanois que j’ai pu rencontrer. Allez, enfile ta barrette de mineur et monte dans mon chariot, je t’emmène au charbon, là où la passion de tout un peuple fait bouillonner le chaudron. Cours Forez, cours !
Derby pluvieux,
derby victorieux ?
Il est 17h30 quand j’arrive aux abords du stade Geoffroy Guichard et des buvettes de Pierre Faurand. J’ai rendez-vous avec un ancien pote que je n’ai pas vu depuis 10 ans. C’était pourtant avec lui que je tombais mes premiers packs de bières le long des terrains stabilisés du Stade de l’Étivalière. Nous nous quittions ensuite pour rejoindre nos tribunes respectives. Nous étions de jeunes supporters bien heureux de fêter notre rite de passage entre l’enfance et l’adolescence à grand coup de pipi d’âne.
Aujourd’hui, les années ont passé mais au fond peu de choses ont changé. Nous restons les mêmes amoureux de Sainté, heureux de prendre l’apéro alors qu’il pleut tout autour du barnum sous lequel nous nous abritons. Très vite, les copains de la Divette de Montmartre nous rejoignent et très vite les chants propres au bar mythique parisien commencent à se faire entendre. Tel un clin d’œil à notre Sergio et un pied de nez à la promiscuité suante de gaziers que nous sommes bien heureux d’avoir abandonné ce soir.
Et même une étoile s’est gravée
sur notre fanion
À 20h, nous prenons la direction du Kop Sud où mes béquilles et mon handicap passager me permettent de jouer au moniteur d’école de ski en doublant tout le monde sur le côté. Les deux kops finissent de se remplir et laissent entrevoir les signes de belles animations à venir. Sur le terrain, les joueurs terminent leur échauffement et les chants commencent à faire monter petit à petit la température du derby. Puis, Mickey 3D, Matmatah, Wazoo et Monty servent de derniers amuse-gueules.
Quelques minutes avant l’entrée des joueurs, ça s’agite en tribunes pour orchestrer au mieux leur soutien coloré. Côté Magic Fans, le tifo puise son inspiration de la scène du lavage de cerveau d’Alex dans le film Orange Mécanique. Malheureusement, il semble qu’il y ait des petits problèmes techniques dans l’animation. Heureusement, un beau craquage vient vite remettre les pendules à l’heure. Côté Green Angels, on a joué la carte de la simplicité et de l’efficacité avec un tifo feuilles qui laisse apparaître le sigle du groupe : GA92. Il est clair qu’on a déjà vu bien mieux en termes de tifos de la part des deux groupes, surtout pour un derby, mais n’oublions pas de rappeler que trois jours avant les mecs avaient déjà envoyé du très lourd en Europa League.
Le génial Teddy Williams
sort du stade
Dès le coup d’envoi et dès les premières minutes de jeu, on comprend vite que l’ambiance est au rendez-vous. Il faut dire que sur le terrain, la domination lyonnaise ne se fait pas ressentir et que les Stéphanois ont l’air plutôt bien en place. Alors forcément, quand tu vis un match en étant un peu plus détendu du slip, il est souvent plus facile de pousser son équipe jusqu’au but adverse. On peut déplorer en revanche, cette saison encore, l’absence de parcage visiteurs qui aurait encore plus déchaîné les passions. Quoiqu’il en soit, il est impressionnant de voir les craquages incessants des deux tribunes tout au long du match. À noter également la présence de nacelles des deux côtés des kops pour donner plus de hauteur aux capos. Ils donnent l’impression, tels des commandants de navire du haut de leur cabine, de hisser le cap et de faire en sorte de conduire au mieux tout leur équipage à bon port. Contre vents et marées, en vert et contre tous.
Au retour des vestiaires, le Kop Sud dévoile un deuxième tifo qui s’inspire d’Inglorious Basterds et de la célèbre scène du Sergent Donny Donowitz alias « L’Ours Juif », très vite coloré par une trentaine de torches de différentes couleurs. En face, c’est la fête de la Saint-Jean, le Kop Nord est en feu avec facilement plus de 60 torches.
Saint-Étienne
est champion
Sur le terrain, les verts sont clairement au-dessus des Lyonnais et l’ambiance au fil de la rencontre s’en ressent. Les supporters poussent sur chaque touche jouée chez l’adversaire, sur chaque corner. Tous rêvent du but libérateur, celui qui fera bouillonner le chaudron tel un volcan en éruption. Puis viens la 89ème minute, une torche s’allume dans le Kop Nord juste derrière le but d’Anthony Lopes. Telle une prédiction, tel un faisceau de lumière montrant l’issue du match pour les verts. Sur le côté droit, Ryad Boudebouz se défait du marquage et prend le temps de déposer un caviar sur la tête de Robert Beric. La suite, toute le monde la connaît mais personne ou presque ne saurait la décrire tant le moment est intense. Comme si tout à coup, tout le peuple vert est rentré dans un état de transe. Saint-Etienne mène 1-0, il reste quelques secondes à jouer avant de pouvoir complètement lâcher prise et vivre enfin cette victoire contre le rival honni . L’ambiance est exceptionnelle, on se croirait un soir de demi-finale de Coupe de Ligue contre Sochaux lorsqu’on menait deux buts à zéro. Ou même après ce but de Damien Bridonneau sur un magnifique ciseau.
La messe est dite, le bal est fini. Saint-Étienne a bel et bien remporté le derby face à l’ennemi. Le stade est en feu et les joueurs viennent de chaque côté des tribunes reprendre en cœur le chant victorieux. Sur le chemin du retour, personne ne presse le pas, personne n’a envie de rentrer chez soi. Tout le monde souhaite juste profiter au maximum de cette victoire face au grand rival. Comme si tous avaient peur du lendemain, peur que ça ne soit qu’un doux rêve. Mais non, tous demain arriveront au boulot la tête haute et le sourire jusqu’aux oreilles. Tous pourront mettre la gueule de Beric sur le fond d’écran de leur ordi. Et tous auront revu son but des centaines et des centaines de fois. Car oui, les Verts sont champions. D’Europe ? De France ? Non, les Verts sont champions de leur région, et ce, durant les six prochains mois de la saison.
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