Samedi 28 août, tiraillé par une envie de stade et de carbonade, je montais à nouveau dans un train pour une belle bourlingue au Nord-pas-de-Calais. Là-bas, je posais mes radis à Dunkerque, dans cette ville plus connue pour son carnaval et ces terres théâtre de la Seconde Guerre Mondiale que pour ses exploits footballistiques. Pourtant, après 24 ans de tribulations en CFA et National, c’est bien en Ligue 2 que les supporters de l’USL Dunkerque retrouvaient le bitume de Marcel-Tribut. L’occasion rêvée pour moi de fouler enfin ce stade et de goûter au plaisir de crapahuter le long de la Côte d’Opale, à la rencontre d’une belle bande de corsaires, à la découverte des Dunes de Flandre et des vestiges du Mur de l’Atlantique.

 

« En deux temps trois mouvements, me voilà le cul posé à une table à carreau rouge et blanc,
devant une bonne bière locale et un plat au maroilles. »

Comme souvent quand je débarque dans une ville que je ne connais pas, je fais toujours en sorte d’arriver au petit matin pour profiter au mieux de mes visites. Ce jour-là, il est tout de même plus de 11h quand je sors du train, j’ai rendez-vous à 17h au stade, alors je ne dois pas traîner pour visiter au mieux Dunkerque et sa grande plage. Alors, après un rapide tour au stade du Fort Louis, fief de l’AS Dunkerque Sud, et après avoir laissé quelques affaires dans la piaule d’un Formule 1, je chatouille les pédales de mon vélo à la découverte de la cité de Jean Bart, célèbre corsaire et chef d’escadre Dunkerquois. Mais sous un déluge typique du Nord-Pas-de-Calais, il ne faut qu’une petite minute pour que je me retrouve trempé jusqu’aux os. Par chance, ma route traverse celle de l’Estaminet Flamand, un restaurant qu’on m’avait recommandé, et qui, comme son nom l’indique, propose des bonnes spécialités locales. Alors en deux temps trois mouvements, me voilà le cul posé à une table à carreau rouge et blanc, devant une pinte et un plat au maroilles.

L’estomac blindé, je peux enfin me perdre dans les dédales et les hauts-lieux de Dunkerque. D’abord, sur la place Jean Bart et au pied de la statut du célèbre corsaire dunkerquois où se rassemble les carnavaleux lors du rigodon final du carnaval. Puis, au beffroi, à l’Hôtel de ville, le long du port et enfin sur les plages de Mao-les-Bains et de Leffrinckoucke, à la découverte des Dunes de Flandre et des vestiges de la Seconde Guerre Mondiale, à l’image du blockhaus miroir de l’artiste Anonyme.

🍴 L’Estaminet Flamand
6 Rue des Fusiliers Marins
59140 Dunkerque

 

 

« Ô Dunkerque, mon amour, je t’aimerai pour toujours, ô Dunkerque, mon amour.
Je serai prêt à tout et je te suivrai partout, ô Dunkerque, mon amour. »

Un peu après 17h, lessivé de toutes ces visites à vélo, je retrouve enfin mes quelques contacts Ultras Dunkerquois dans le seul bar niché près du stade. L’Imprévu est en réalité un restaurant bonne franquette ouvert entre midi et deux, mais les jours de match, il devient sous la houlette de la chaleureuse Virginie et de l’intrépide Jean-François, le repère des supporters dunkerquois souhaitant se rougir la trogne avant de rejoindre les gradins. C’est d’ailleurs, travaux oblige, en parcage visiteurs que nous prenons place dans le stade, sur un poignant hommage à l’ex-entraîneur Alex Dupont, disparu début août suite à une crise cardiaque. L’hymne à Cô Pinard, figure incontournable du carnaval, résonne alors dans Tribut pour un dernier au revoir à cet enfant de Jean Bart.

L’instant d’après, le sourire en coin dissimulé sous son masque, Maxime, capo et fondateur des Ultras Dunkerquois, retrouve la joie de lancer à nouveau des chants, d’exploser ses cordes vocales et d’haranguer ses troupes pour guider Dunkerque vers la victoire. Malheureusement, pour des raisons sanitaires, c’est ce soir-là sans méga qu’il devra faire le boulot. Mais face à une trentaine de corsaires bien motivés à l’idée de se faire entendre, le parcage se transforme, sur des airs de Michel Delpech, en une belle fête dunkerquoise. Car ce soir, dans cette tribune non abritée de la pluie, beaucoup n’ont pas connu la Ligue 2 et savent qu’ils vivent peut-être l’une de leur plus belle saison, qui, malgré le contexte actuel, leur offrira sans doute d’inoubliables déplacements. À l’image du prochain match à Ajaccio, où tous se voient déjà.
Côté terrain, les hommes de Fabien Mercadal ouvrent la marque sur penalty. Un plaisir de courte durée puisqu’au retour des vestiaires, face à des Clermontois dominateurs dans le jeu, l’USLD finit par craquer.

En quittant le stade, tout le monde se retrouve à l’endroit même où la soirée avait débuté, dans ce restaurant aux allures de bar que tous ont bien du mal à quitter. Pourtant, demain, beaucoup troqueront leur pompes de supporters pour leur crampons moulés. Beaucoup partiront sur les terrains défendre leur clocher, défendre l’honneur de leur club en Coupe de France. De mon côté, je termine la soirée avec une belle bande de joyeux lurons. Accoudé au bistrot, on m’explique la folie qui s’empare de Dunkerque pendant le carnaval. On me raconte son origine, l’histoire de ces marins qui partaient six mois en mer pêcher la morue en Islande, dans le froid glacial et les tempêtes, dans l’incertitude du retour. Alors, avant l’appareillage des bateaux, les armateurs offraient un banquet et une fête à leur équipage. De cette fête naîtra les bandes de pêcheurs et le carnaval tel qu’on le connait aujourd’hui, avec ses déguisements, ses bals, ses chapelles, son jet de hareng et ses chants. Quelques minutes plus tard, en me vautrant dans le plumard de mon Formule 1, je me dis que le football m’aura encore permis de vivre une sacrée belle aventure, mais une aventure au goût d’inachevé. Alors, un jour c’est certain, je viendrai vivre le carnaval de Dunkerque pour boucler comme il se doit ce séjour dunkerquois.

🍻 L’Imprévu
2 Rue des Corderies
59240 Dunkerque

 

 

Photos et texte de Gustave.

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Date28 août 2020
VilleDunkerque (stade Marcel Tribut)
PhotographeGustave
Mots-clés,