Samedi 16 février, je partais chercher un peu de gaieté en allant faire un tour à Le Blé. Je mettais le cap à l’ouest en direction de Brest où je rendais visite à ceux qui me chatouillaient les guiboles depuis que j’ai commencé à faire sauter l’artiche pour vivre le football. Alors, après une première soirée épique, j’assistais à Brest-Sainté en face des Stéphanois et au beau milieu des Brestois. Une grandiose aventure là où la terre finie et le monde commence, là où sous un tonnerre populaire, le football se rapproche de son essence.

 

À peine arrivé à la gare et après avoir laissé mon fourbi dans la piaule d’un hôtel du centre, je retrouve Max et Romain, deux de mes contacts locaux bien décidés à m’emmener à la conquête de leur bien aimée. Très vite, je me retrouve à suivre une belle bande de joyeux bretons qui me traine là où elle a l’habitude de bourlinguer, dans ces rades et ces troquets où l’on vient se réfugier et boire la tasse entre copains. Du Victor Hugo à l’Otentik Kebab, nous rejoignons les Ateliers des Capucins, bâtiments de l’Arsenal de Brest reconvertis en centre culturel et commercial depuis peu. Nous prenons ensuite la direction du Tara Inn avant de finir la soirée sur les coups dès 4h du matin, au cabaret populaire de l’espace Vauban.

Au réveil, Brest est balayé par la tempête, tout comme ma tête, ravagée de la veille. Il est difficile de visiter celle que j’avais pourtant bien envie de découvrir, me forçant à m’abriter avec quelques gaziers journaleux de Sainté, quelque part où la bière coule et la barbaque claque, dans une crêperie où nous oublions notre peine dans quelques bonnes binches locales de la Brasserie du Baril.

Peu avant 14h et peu après la confirmation que la rencontre aura bien lieu, Victor, président des Celtic Ultras, m’amène au stade ou plutôt au mythique Penalty. Ce rade que tout le monde connaît depuis toujours sans vraiment savoir depuis quand il existe, celui qui participe à rendre ce stade et cette rue encore plus chaleureuse et unique. Alors, dans ce lieu de beuverie qui vit au rythme du Stade Brestois, je me retrouve à serrer la pince à une cinquantaine de gaziers. Des jeunes lookés aux figures historiques de la tribune Kemper, les discussions et anecdotes fusent au rythme des bières. Certains ont triste mine et semblent avoir à peine dormi mais tous ont les yeux qui s’illuminent quand ils me parlent de ce bon vieux Francis. Trop occupé à vivre au mieux cet avant-match, à vivre celle que je considère comme la plus belle partie de ces aventures-foot, je commence à en avoir absolument plus rien à carrer de la pluie qui inonde mon blouson. Il faut qu’un ballon atterrisse sur mon crâne pour que je sorte de cette espèce de transe hypnotique et me rende compte que la rue s’est bien vidée et qu’il est déjà l’heure de tomber sa bière pour ne pas louper le début du match.

Nous sommes les Ty-Zefs
Sauvages et fiers de l’etre
Nos chants résonneront
Comme le tonnerre de Brest

 

 

À peine rentré dans la tribune Kemper, je comprends que la soirée sera belle mais difficile à apprécier. Ruffier, juste-là devant moi, se fait chambrer en bonne et due forme par les Brestois. Mais il est trop tard pour que je me plaigne, m’étant auto-engouffré dans ce guet-apens émotionnel. Et comme si le bon Dieu stéphanois voulait me punir de ce péché, il m’inflige trois buts dans la gueule en 45 minutes à peine. Je finis par ne plus porter attention au terrain, me concentrant sur la beauté du décor environnant. Difficile de trouver plus populaire que cette tribune Kemper. Avec ses grincements métalliques et les résonances hystériques de ses plus fervents supporters, je suis plongé dans un spectacle visuel et auditif qu’on ne peut qu’apprécier. À l’image de la très belle chanson Fanny de Laninon, chant traditionnel marin décrivant la nostalgie du vieux quartier de Recouvrance détruit par la guerre, que la tribune Kemper a coutume de reprendre dans les dernières minutes de la première mi-temps. Sans nul doute le plus long chant de supporters en France.

À l’aube sur le pont Gueydon, devant l’petit pont,
Chantait la chanson,
Le branlebas de la croisière et dans sa blanche baleinière,
Jean Bouin, notre brigadier, le bonnet capelé, un peu su’l’côté,
Me rappelle mon bâtiment, c’était le bon temps,
Celui d’mes vingt ans
Etc.

Au retour des vestiaires, les Verts montrent un tout autre visage, et du coin de la tribune je commence presque à croire à un revirement de situation. Mais il y a bien trop longtemps qu’impossible n’est pas stéphanois ne soit plus stéphanois. Et c’est bel et bien sur le score de 3 buts à 2 que le match se termine. Malgré la défaite des verts.. l’excellent accueil des Brestois, la ferveur et l’ivresse m’auront fait passer l’une de mes plus belles aventures footballistiques, si ce n’est la plus belle. Car, à l’image d’un Bauer ou d’un Tourbillon, Francis Le Blé et sa tribune Kemper font partie de ces lieux emblématiques à groundhopper au plus vite. Vétuste, grinçant, chaleureux et festif, Francis Le Blé est un stade à l’ancienne qu’on ne souhaiterait, dans cette configuration, ne jamais voir disparaître, tant il représente les valeurs d’un football tant aimé et tant apprécié, d’un football populaire et si cher à mes yeux.

Photos et texte de Gustave.

 

 
 

Monde 1 : Gustave chez les Bretons

Niveau 1 : Guingamp
Niveau 2 : Lorient Express
Niveau 3 : Nantes La Jolie
Niveau 4 : Entrer dans la Reine
Niveau 5 : Show me your Brest

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Prochaine aventure-foot : Brentford Fiesta !
Brentford – Sheffield Wednesday
Samedi 7 mars

Date16 février 2020
VilleBrest
PhotographeGustave
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