Dimanche 10 novembre, tout juste remis de mon aventure à Turin, je prenais le train jusqu’au pays des Pailladins et de Louis Nicollin. Je partais découvrir Montpellier et son stade de la Mosson pour assister, au cœur de sa Butte festive et populaire, à la rencontre régionale face à Toulouse. Un match qui se jouait dans un contexte certes un peu spécial mais qui m’aura tout de même permis de passer un agréable moment en remontant un instant dans l’histoire du MHSC et de la Mosson, sur les traces de Valderrama, Blanc, Julio César, Cantona ou encore Roger Milla.

Super Hérault

 

Section Touriste
à Montpellier

Il est à peine 9h quand j’arrive à la Gare de Montpellier-Saint-Roch, j’ai dormi 5h, j’ai les yeux dans la graisse de bines mais je marche d’un pas bien décidé, curieux de redécouvrir Montpellier, cette ville que je n’ai connu qu’une fois, bien éméché au FISE. Alors, après un bon caoua à la Comédie, place qui devait avoir fière allure un certain 20 mai 2012, je me rends à l’Écusson, centre historique de la ville où au bout de l’avenue Foch se dresse l’Arc de Triomphe, l’édifice incontournable de Montpellier, de par sa belle architecture et son importance dans l’histoire de la ville. Je poursuis ma Promenade du Peyrou avec la statue équestre de Louis XIV, l’aqueduc Saint-Clément et son château d’eau d’où j’admire la belle vue sur les Cévennes et la garrigue environnante, avant une rapide visite de la cathédrale Saint-Pierre. Je termine cet intermède touristique sur les bords ensoleillés de la Lez, où je ne peux m’empêcher de me dire que cette journée commence quand même bien mieux que celle de Turin.

 

Un match hommage
à Ronan

Sur les coups de 15h, le bide bien rempli d’un bon gueuleton chez un ami montpelliérain, je rejoins en tram le quartier de La Paillade, où a commencé à se hisser dès la fin des années 70, en bordure de la Mosson, un stade du même nom. Un stade qui, tout au long de sa carrière aura justement fait les frais de sa proximité avec cette rivière. Après un rapide tour du propriétaire d’un professionnalisme sans faille, je retombe vite dans mes allures de reporter du dimanche à la première buvette croisée en chemin. C’est donc une binouze à la main que je tente de ne pas renverser, que je prends en photo celui qui est passé en 24 ans à peine, d’un terrain vague à un stade de 32 900 places.

Un peu plus tard, les supporters de la Butte qui s’étaient donnés rendez-vous au rond point des chaises arrivent sur l’avenue Heidelberg en scandant le prénom de leur ami Ronan, brigadier chef mort pour la France quelques jours plus tôt au Mali. Il venait chanter en tribune et en déplacement son amour pour la Paillade. Le vibrant hommage se poursuit jusqu’au stade et jusqu’à l’entrée des joueurs. Un tifo tout d’abord et une poignante minute de silence ensuite, suivis d’une belle rangée de fumigènes.

« Ne jamais oublier, ceux qui nous ont quittés,
chanter pour eux allez ! »

 

Découverte
de « La Butte »

Étant donné les circonstances du match, je préfère me faire discret en tribune. Une rapide prise de contact quelques jours auparavant était justement allée dans ce sens, m’invitant à revenir avec grand plaisir pour un prochain match quand ils auront la tête plus à la fête. Alors seul dans ce stade, j’ai le temps de découvrir cette mythique tribune Étang de Thau, partie basse de la tribune Heidelberg qui accueille en son centre l’Armata Ultras et ceux de la Butte Paillade. Mythique car c’est à cet endroit du stade que s’était élevée « la Butte », devenue célèbre en 1977, à une époque où les drapeaux rouge et blanc claquaient à ciel ouvert dans le vent, à une époque où l’orange et le bleu n’étaient pas encore les couleurs prédominantes du club. Montpellier affrontait le voisin nîmois en 16è de finale de la Coupe de France, il fallait donc trouver un moyen pour accueillir le plus de monde possible. Les supporters avaient alors construit une butte en faisant venir de la terre, en la tassant en espalier et en installant des traverses de chemin de fer en guise de gradins. À cette époque, la Butte était craint des adversaires et l’ambiance était si brûlante que la Mosson était alors qualifiée de « Marmite du diable ».

« Il existe un délicieux coin du Languedoc où l’on passe des nuits inoubliables. (…) Pour l’habitué des terrains de sport, une atmosphère, une ferveur et pour tout dire, ce je ne sais quoi qui attire des milliers de personnes pour communiquer ensemble autour d’une passion partagée: le football. Il y avait Hampden Roar, le célèbre grondement du Hampden Park de Glasgow. Il y avait la rumeur vociférante du Prater de Vienne, le chaudron du stade Geoffroy-Guichard à Saint Etienne, la bouilloire de Furiani à Bastia, le volcan du stade Vélodrome de Marseille. Il y a désormais, parmi les hauts lieux du football, la marmite du diable de la Mosson. On y rêve, on y souffre, on y déchante parfois mais on y chante toujours. »

Paul Katz, rédacteur en chef à Midi libre, lors de la demi-finale de Coupe de France contre Monaco en 1980.

 

 

Les Pailladins
ne lâchent rien !

Ce soir, on est sûrement loin de ces glorieuses années mais l’ambiance s’amplifie au fil de la rencontre et des occasions montpelliéraines. Il faut dire que sur la pelouse les Pailladins ne lâchent rien. Si bien que dans les derniers instants du match, sous le score de 3 buts à 0 et sous les épaisses fumées de quelques torches, la Butte commence à reprendre fière allure. La rencontre se termine avec de beaux échanges d’applaudissements et de chants suite à la banderole en l’honneur de Ronan sortie par les ultras toulousains ayant fait le déplacement. Une belle image des supporters qu’on sait souvent unis dans le chagrin, à l’instar des ultras bordelais, en octobre dernier, qui s’étaient rendus au pied du virage des Indians pour y déposer une gerbe de fleurs en hommage à Brice Taton décédé il y a 10 ans.

Je quitte les gradins plein la tête de refrains et bien heureux d’avoir enfin découvert ce stade la Mosson et cette tribune de copains. Car oui, ce qui m’a frappé en débarquant dans cette butte c’est cette impression de rentrer à l’intérieur même du local d’une association où l’herbe de Provence et la camaraderie nous piquent tout de suite aux yeux. Alors même si ce stade est quand même bizarrement fichu, on ne peut que se sentir bien face à toute cette joie de vivre qui nous rappelle que le football populaire a encore de belles années devant lui. À l’image de cette buvette où tout le monde s’agglutine à la mi-temps pour se délecter d’une part de pizza servie sur un morceau de sopalin. À la Butte, il n’y a pas de formules casse-dalle et autres promos tape-à-l’œil, pas de serveuses ni de serveurs en gilets et casquettes de couleurs vives. Non, ici, la buvette semble être auto-gérée par cette belle et grande famille de groupes ultras.

« Je t’aime plus que la cocaïne, je t’aime plus que faire l’apéro,
je t’aime plus qu’une belle coquine, je t’aime toi le Montpellier Hérault ! »

 

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Prochaine aventure-foot : Cantal+ !
Saint-Flour – ACA Ajaccio (coupe de France)
Samedi 16 novembre

 

Date10 novembre 2019
PhotographeGustave le populaire
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