Le 8 mars dernier, l’insouciance régnait encore dans les travées de Geoffroy-Guichard où l’on fêtait la qualification en finale de Coupe de France survenue trois jours plus tôt avec un nul contre les Girondins de Bordeaux. Tandis que l’arrêt des compétitions sportives nous privait d’une 29e journée de Ligue 1, le confinement fut annoncé quelques temps après. Le 12 août, soit cinq mois et quatre jours après mon dernier match en tribune, les pellicules conservées pendant tant de temps purent enfin recapturer le spectacle des gradins. Certes, ce n’était qu’un amical. Pourtant, rien que le fait de revenir dans un stade après tant de jours à avaler des rediffusions m’enchantait.

 

Peu m’importait le jeu, les sensations occupaient la plus grande partie de mes pensées. Je m’efforçai pendant une mi-temps de me concentrer sur le terrain mais mes yeux revenaient à chaque fois sur ce béton gris typique des tribunes, sur l’architecture, sur les spectateurs dont deux avaient fait le déplacement depuis Sedan et tendaient leurs écharpes vertes et rouges au nez des joueurs. Le vert et rouge des Sedanais combiné au bleu de l’ESTAC donnait sur le terrain un mariage qui ne s’était plus vu depuis 2012 et une victoire troyenne sur le territoire d’Arduinna.

Du coin de l’œil, je vis s’agiter quelques drapeaux. En tendant l’oreille, quelques chants vinrent casser le silence ambiant. Quelques membres des Magic Troyes et du Tricasse Crew s’étaient postés à l’extrême de la tribune. La seconde période allait être l’occasion de les retrouver après presque une année entière depuis mon dernier passage à Troyes. C’est ainsi que je perdis le fil du match, trop occupé à m’extasier devant un avant-gout de ce que pourrait être un retour à la normale. Bière à la main, appareil photo dans l’autre, j’immortalisais les yeux plissés synonymes de sourires sous ces masques, les bras tendus se défoulant après cette trop longue absence de tribune, les mains se frappant entre elles par désir schizophrénique de faire du bruit et d’enfin réveiller un stade sommeillant encore malgré le retour de ses hôtes.

Se réveiller d’une gueule de bois consécutive à une absorption trop importante après un sevrage forcé d’un football devenu, selon certains, l’opium du peuple, n’est-ce pas magnifique ?

 

 

Photos argentique et texte de Robert.

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Date12 août 2020
LieuStade de l'Aube (Troyes)
PhotographeMaximilien Boizard
Mots-clés,