De Lens à Saint-Étienne, du Nord-Pas-de-Calais au Forez, la fête de la Sainte Barbe est célébrée le 4 décembre en souvenir des anciens mineurs de fond. C’est pourquoi il n’est pas rare de voir, début décembre, de beaux tifos et de belles animations à Bollaert et Geoffroy Guichard en son honneur. Mais qui est-elle exactement et d’où vient-elle ?

Aujourd’hui, il n’y a plus de mineurs en activité, mais les traditions, elles, résistent. La légende parle d’une jeune fille vivant au moyen-âge qui se serait convertie au christianisme contre la volonté de son père. Furieux, ce dernier lui trancha la tête mais se retrouva alors frappé par la foudre. Sainte-Barbe devient alors la patronne de nombreuses professions devant affronter les dangers liés au feu ou aux explosions, comme les mineurs de fond, les ingénieurs des mines, les sapeur-pompiers, les métallurgistes ou les artificiers. Elle porte à travers elle les symboles du feu, de la lumière et de la foudre.

Face à la menace du grisou et des explosifs dès le 18ème siècle, les gueules noires se plaçaient en effet sous la protection de Barbara. Chaque fosse ou presque possédait une Sainte-Barbe qui veillait sur les mineurs. Le 4 décembre, jour de la Sainte Barbe, le travail s’arrêtait à l’heure du briquet et la fête commençait. L’alcool était interdit au fond mais ce jour-là, pourtant, beaucoup de porions fermaient les yeux sur cette infraction. Chacun descendait sa petite mignonnette de vin rouge pour accompagner la nourriture que leurs femmes avaient préparé. Les phares s’éteignaient, les veilleuses s’allumaient, les bouteilles de vin se débouchaient, les verres se remplissaient et tous se souhaitaient une bonne fête. Un petit coup par-ci, un petit coup par-là, les bouteilles se vidaient doucement avec délice. Il faut dire qu’au fond le vin avait un goût particulier, un goût que l’on ne lui connaissait pas au jour. N’importe quelle piquette au jour prenait au fond cette saveur que l’on ne pouvait définir.

Plus personne ne pensait au charbon. Le morceau de saucisson côtoyait les cornichons au sel, les cacahuètes et le camembert. Le pain blanc, qui tranchait avec la noirceur de l’environnement, se trempait dans la sauce. Chacun savourait cet instant. Les tracas du moment étaient oubliés. C’était une des seules journées dans l’année où chacun se laissait aller aux confidences. Puis un harmonica sortait d’une poche et des refrains étaient repris en chœur.

Ces moments, si fort de chaleureuse communion passaient trop vite. Le poste se terminait. Les bouteilles vides rejoignaient le fond de la musette. La fête finie, on se promettait de recommencer l’année prochaine. Le plus difficile restait à faire, remonter à la surface sans en oublier un dans un recoin de galerie. Si l’entrée dans la cage était désopilante, sa sortie au jour restait hilarante. C’était dur de marcher droit quand les mineurs du poste suivant regardaient rigolard le spectacle, tandis que les gardes fermaient les yeux pour cette fois. Les genoux ne pliaient plus, la démarche était raide. Dans la salle des pendus, il se passait des scènes cocasses. Certains cherchaient leur corde et ne la trouvaient pas. Quelques-uns se lavaient à moitié, d’autres remettaient leurs « loques de fosse » pour entrer chez eux. Demain, tous retourneront au charbon et cette fois sans la bouteille dans la musette, cette fois là Sainte-Barbe ne leur pardonnerait pas.

Extraits de Sainte-Barbe au fond de la fosse Barrois

 

Aujourd’hui, la fête de la Sainte Barbe reste un événement durant lequel les villes des Hauts-de-France et de la Loire perpétuent la mémoire et le passé minier. Se rendre à Bollaert ou dans le Chaudron la première semaine de décembre est donc l’assurance de vivre une belle ambiance au stade et de participer dans les villes à des défilés et à de belles festivités, comme à l’embrasement du Puits Couriot à Saint-Étienne.

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