Si l’horizon 2021 est semé d’embuches et d’incertitudes, il arrivera bien un jour où derrière un épais manteau de brouillard se dessinera à nouveau la beauté d’un stade. Ses projecteurs, ses tribunes et ses buvettes t’exploserons aux yeux tel un bouquet final du 14 juillet. Délivré du carcan épidémique, libre de vivre et de porter ta passion au pinacle, tu te délecteras alors du football sans entraves. Tu reprendras ces routes pleines de joies et d’anecdotes où serré comme ton falzar après les fêtes de fin d’année, tu vivras à nouveau le football dans cette caisse aux allures de piaule. Mais qui sera à tes côtés ? Sûrement, ta plus belle bande de gaziers.

 

1. Bébert
Il y aura sans doute Bébert, celui qui dégrafe ses bières à la vitesse de l’éclair. Souvent il a à peine dormi, à peine décuvé, c’est même tout juste s’il s’est changé. Mais Bébert il a quand même amené de quoi s’en remettre plein le gosier. Un bon gros pack de roteuses et de quoi se faire un mélange bien corsé. Le problème c’est qu’avec lui tu passes pas mal de temps à t’arrêter. En général, il lui faut une trentaine de minutes de route pour qu’il demande une pause. Et plus il pisse et plus sa vessie est petite. À la fin du trajet ça ressemble à un Actimel son bordel. Il suffit d’une Kro pour qu’il gigote dans tous les sens. Sur le chemin du stade, c’est lui qui pisse pavloviennement sur les lampadaires, qui perd son billet de match, c’est encore lui qui s’en va au bout d’un quart d’heure de jeu parce qu’il est à deux doigts de se faire dessus et c’est encore lui qui s’endort et loupe la moitié du match. Bref, Bébert, il picole sans jamais trop s’arrêter et tu sais qu’il faut pas trop compter sur lui pour te souvenir de vieux déplacements.

 

2. Hervé
Hervé c’est le gars de la bande qui s’improvise disc jockey tout au long de la journée. Il a fait une playlist spéciale déplacement avec quelques pépites et énormément de bouses. Arrivé sur le parking du stade, comme tout supporter qui se respecte, il ouvre le coffre et monte le son histoire de faire profiter tout le voisinage. Mais attention, il ne faut surtout pas s’amuser à changer de musique. « Vous vous rendez pas compte du travail que ça m’a demandé de faire une playlist comme ça ». Ouais Hervé t’es mignon mais ta playlist ça fait trois ans qu’on l’écoute en boucle et franchement Boris et Snollebellekes on n’en peut plus.

 

3. Riton
Le mec hyper connecté et un peu trop déconnecté de la bande. Il passe une grosse partie de son trajet sur son portable à twitter ses moindres faits et gestes quand c’est pas pour mettre une photo sur Insta #ontheroadagain #ontour #whensaturdaycomes. Le seul moyen de le reconnecter à la vie réelle c’est de taper bien bien fort sur sa Kro. Ce qui n’est pas bien du goût de Dudu, le propriétaire de la bagnole. Bref, pas facile de le changer le Riton mais tu ne vas pas te plaindre parce que c’est souvent grâce à lui que vous arrivez à bouffer dans de bonnes adresses locales et à retrouver un peu de monde sur place avec qui se griser la mine.

 

4. Patate
Dans la bande, vous l’appelez aussi Gilles de la Buvette parce qu’il a toujours prévu de quoi bouffer pour tout le trajet mais qu’il passe quand même tout le voyage à crier « DOMAAAAC » à chaque fois qu’il voit un panneau McDonalds. D’ailleurs, le seul moment où il dit qu’il n’a pas faim c’est quand il a la bouche pleine. Mais Patate on le remercie jamais assez parce que même si son amour de la bouffe tourne souvent à l’obsession, il nous évite de grosse fringale en cours de route, prépare d’énormes barbeucs sur les parkings et nous permet d’avoir toujours de quoi gerber.

 

5. Stick
Le gars qui a toujours les mains au fond des poches, prêt à dégainer un stick à la moindre occasion. Son terrain de chasse, les aires d’autoroutes bien sûr. Une fois sorti de la caisse, c’est le gazier qui est là mais jamais bien là. Tu lui poses une question et il disparaît. Tu le retrouves cinq-six mètres plus loin perché sur une barrière en train d’essayer d’atteindre un panneau de circulation ou un panneau publicitaire. L’avantage avec lui c’est que si tu le perds en ville, il suffit de suivre ses sticks pour le retrouver. Avec le temps, il maitrise l’art du collage et du contre stickage. Il connaît les meilleurs spots pour que ses sticks tiennent dans le temps. Des fois, tout content il vous dit même « putain regardez les gars là-haut, 2014 et juste à côté 2016 ».

 

6. Pyrlo
Tu sais jamais trop comment il se démerde mais il a toujours un fumi au fond du slip. S’il y a un cortège, un anniversaire, un mariage et que tu vois un gars craquer, tu peux être sur à 99% que c’est lui. Il dit que ça lui rappelle le bon vieux temps où il rentrait des torches dans les stades. Il aimait ce moment où tout le monde s’écartait autour de lui après avoir tiré sur la goupille, il aimait cette montée d’adrénaline en agitant de haut en bas son fumi et en s’enfuyant tel un Solid Snake dans Metal Gear juste après l’extinction. Alors aujourd’hui, quand un fumi s’allume en tribune, il est comme happé par cette nostalgie. Ses yeux s’illuminent et tout son corps s’agite. On sent qu’il est à deux doigts de mettre son écharpe sur le nez pour la trouer à nouveau.

 

7. Ferrat
Ferrat, c’est le mec qui ressemble à une montagne. Il est toujours prêt à casser des noix et à foutre des beignes. À ses côtés, tu te sens quasiment invincible. Avec l’âge, si Ferrat s’est assagi, il a gardé de vieilles traces visibles du passé. Quand on double un autre J9 sur l’autoroute, tu vois ses muscles se tendre, ses yeux se froncer et ses jambes battre le pavé. Bon, il se détend vite et se redresse sur son siège en se rendant compte qu’il s’agit seulement d’un bus d’handicapés mais tu vois bien qu’il marche difficilement sur le fil, entre l’Est de sa jeunesse et l’Ouest de sa vie de famille.

 

8. Patoche
Avec Patoche, c’est rare de s’ennuyer. C’est surtout rare d’être discret. Patoche, il a l’œil qui frise et la connerie au bout des lèvres. C’est le gars qui lâche des perlouses silencieuses tout au long du trajet et qui distribue la douce odeur avec ses mains pour en faire encore mieux profiter. Patoche c’est celui qui plaque ses fesses contre la vitre de la bagnole dès que tu doubles une Fiat 500 ou une Mini Cooper. Certains trouveront qu’il est un peu timbré, que c’est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir mais vous vous l’aimez votre Patoche et vous savez qu’un déplacement sans lui n’aurait pas du tout la même saveur, ni la même odeur d’ailleurs.

 

9. Sherlock
Sherlock c’est le plus calé en foot de la bagnole. Alors que toi, tu te souviens à peine du résultat d’il y a une semaine, ce gars-là lui est capable de se souvenir des détails de tous les matchs de ton équipe des quinze dernières années. Du score, des buteurs, des cartons jaunes et des expulsions. Du temps qu’il faisait, du nombre de spectateurs et même des tifos. Dans la voiture, c’est devenu votre joker, le gars a qui on fait appelle dès qu’on a besoin d’un coup de main pour piocher dans ses souvenirs. Dès qu’il y a débat sur une stat ou un événement, c’est Sherlock qui s’y colle.

 

10. Dudu
Au volant, une petite gorgée de bière de temps en temps, c’est souvent le moins alcoolique de la bande. Et on va pas se mentir, Dudu c’est aussi le plus sérieux et le plus mature d’entre vous. Bon, il oublie parfois où il a garé sa caisse, il oublie parfois de changer les ampoules de ses feux avant, ce qui vous a valu un retour bien folklorique une saison. Mais tu sais que sans lui ça serait quand même bien compliqué de faire tout ça. Quand il vous ramène à 5h du matin, que vous êtes tous endormis dans la bagnole et ne faites plus qu’un avec les cadavres de bières, il ouvre tranquillement son troisième RedBull au milieu des blagues et des musiques de Rires et Chansons. Il vous ramène sagement chez vous en vous disant « bon courage les gars pour demain et à samedi prochain ». Putain, sacré type ce Dudu.

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