3h du matin, quelques PMU dans le boudin, vous vous dirigez, toi et tes poteaux, au dernier kebab d’la ville encore ouvert à c’t’heure. Si l’idée ne te déplait pas puisque tu t’es rien mis sous la dent d’la soirée, excepté un bon décamètre de shots, y’en a un parmi vous qui est en PLS. Lui, c’est Dudu et vous savez que si d’ici 1h il n’a pas croqué dans un kebab, il pourrait commencer à devenir violent. ce pote qui a de sérieux problème avec le kebab

Avec plus de 654 avis laissés sur kebab-frites.com, tripadvisor et google, Dudu est complètement dingue de kebab, un véritable passionné de viande grillée comme il en existe très peu en France. Dudu a un tatouage « salade tomates oignons » sur l’avant bras, porte des t-shirts avec des slogans de bons vivants souvent bien trop petits pour lui. Si petits qu’on voit toutes les tâches de gras ou de sauce samouraï qui ont su résister à son lave-linge. Dudu pue la frite froide et l’oignon quand tu lui parles. Car Dudu bosse en freelance et plutôt que de s’emmerder à bosser dans un Starbucks ou un troquet où la bouffe n’est pas digne d’exister ou à vomir selon lui, il squatte le WIFI des kebabs. Et quand tu vois l’état d’son écran de téléphone ou d’son clavier d’ordi, tu te dis qu’il y va pas avec l’dos d’la cuillère le Dudu.

Dudu est accro au kebab. Où qu’il mette les pieds en France, il a une adresse à tester ou à te faire découvrir. S’il reste plus d’une semaine dans une ville, il entend « comme d’habitude chef ? » en passant la porte. A Paris, il a épluché tous les Top 10 des meilleurs kebabs qu’il a pu dégoter sur les internets. Il a même tapé une mission RER de 2h pour aller tester un kebab qu’un gonze lui avait recommandé en soirée. Dudu a failli se foutre sur la gueule plus d’une dizaine de fois avec des parisiens qui disaient « on va au grec » . D’ailleurs cette phrase marche aussi avec les mots « quinoa, buddha bowl, lait d’avoine, lait de soja…»  et autres saloperies de bobo. Dudu a déjà dit « si à 50 ans j’ai pas ouvert mon propre kebab, j’aurai raté ma vie » et il était complètement sobre. Dudu a déjà répondu « merci chef » à son médecin traitant qui lui rendait sa carte vitale, Dudu a déjà lancé un débat « viande veau ou agneau » en allant acheter ses Malback au tabac. Et évidemment, Dudu s’est déjà rendu à Istanbul et c’était pas pour visiter la Mosquée bleue.

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Bref, pas besoin d’tourner autour de la mayo, vous avez fini par comprendre avec tes potes que Dudu avait d’sérieux problème avec le kebab. Qu’il était même, et n’ayons pas peur des mots, complètement kebabique. Et ce soir Dudu est en manque. Alors que vous traînez des bottes, Dudu dérouille ses guiboles 10 mètres devant vous. Il bouffe les kilomètres d’un pas rapide et regarde sa trotteuse toutes les 30 secondes avant de vous gueuler dessus. Vous avez l’impression qu’il n’a plus un pète de jeu l’garçon. Il y a 30 minutes de ça, il se chargeait pourtant la mule en s’envoyant son 10ème shot de verveine dans le gozier. Mais Dudu flippe de s’retrouver face à un rideau fermé. Faut dire qu’il a déjà connu plusieurs fois cette galère et avait dû bouffer les restes des boîtes en polystyrène jaune trouvées dans les bellepous. Oui, Dudu revient de loin. Il a vécu des moments difficiles. Des moments où il se nourrissait exclusivement de kebabs. Matin, midi et soir. Il y a deux ans, il créchait même au-dessus d’un kebab. Rapidement, soulé de s’taper les escaliers 3 fois par jour pour aller chercher à bouffer, il avait trouvé un mécanisme pour n’plus à avoir à descendre. Il avait simplement attaché son seau à serpillière à une corde qu’il faisait descendre avec un billet à l’intérieur. Quand il sentait deux grands coups il savait que son döner mayo-ketchup était prêt à être remonté.

Aujourd’hui et à cause d’un premier ulcère, Dudu s’est assagi. Il sait à présent résister au petit kebab entres potes du jeudi soir et est capable de supporter leurs vieux relans de viande grillée le reste d’la soirée. Il prend des apparts qui sont minimum à 5 km du kebab le plus proche. Il a arrêté de raconter à chaque apéro et à chaque date tinder l’histoire du kebab. Oui celle d’ce jeune immigré turc qui a vécu à Berlin et qui inventa le kebab dans les années 70 lorqu’il bossait dans un snack vendant d’la viande grillée. Alors ok, à l’heure de déjeuner ou comme ce soir, il lui arrive encore d’trembler, il a encore des ardoises à régler de partout en France, mais au fond vous vous féliciter d’ses progrès et vous dites qu’un jour, peut-être, il arrivera à complètement arrêter, même en soirée complètement bourré.

Nanard.

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